Recherche vétérinaire
Le volume de données cliniques disponibles pour l’homéopathie vétérinaire est bien plus faible que pour l’homéopathie chez l’être humain. l s’agit pourtant d’un domaine de recherche actif dans certains pays où l’homéopathie est totalement intégrée aux techniques médicales conventionnelles, comme le Brésil.
Deux revues systématiques globales menées par Mathie & Clausen résument les données issues d’essais cliniques de l’homéopathie vétérinaire.1,2
La première revue, qui examinait les données issues d’essais contre placebo randomisés et la méta-analyse correspondante3 n’a pas obtenu de données permettant de conclure que l’homéopathie diffère du placebo (p = 0,01 pour essais N=15 ; p = 0,02 pour les essais les plus fiables N=2).
La seconde revue examinait les essais randomisés qui comparaient l’homéopathie à un autre moyen que le placebo (par exemple, des soins habituels). Mais la qualité des essais dans cette catégorie était trop faible pour apporter un éclairage utile sur l’efficacité de l’homéopathie vétérinaire.2
Une étude plus récente, publiée en 2016 par Doehring & Sundrum4, a collecté des données sur l’homéopathie dans les soins des animaux producteurs de denrées, notamment dans les cas où les antibiotiques sont monnaie courante. Les conclusions de cette revue étaient globalement similaires à celles de Mathie & Clausen mais les méthodes utilisées ne correspondaient pas à une revue systématique de grande qualité de style Cochrane. Ainsi, Doehring & Sundrum ont évalué une série de données qui englobaient des études d’observation, non contrôlées et non randomisées, qui avaient été exclues par Mathie & Clausen.
Prévention de la diarrhée chez les porcelets
L’un des essais contre placebo de grande qualité identifié par Mathie & Clausen a été mené par l’Université Wageningen aux Pays-Bas.5
Dans cet essai à triple aveugle, on a administré à 52 truies enceintes soit du Coli 30k (un médicament homéopathique fabriqué à partir de la bactérie E. coli) soit un placebo. Les truies ont accouché de 525 porcelets. Ceux du groupe traité au Coli 30k avait 6 fois moins de diarrhée que ceux du groupe placebo. Ce résultat est statistiquement significatif (p<0,0001) ; il est donc très peu probable qu’il s’agisse d’un faux positif dû au hasard.
La technique utilisée ici, qui consiste à fabriquer un médicament à partir de la substance qui provoque la maladie concernée, est un sous-type de l’homéopathie appelé l’isopathie.
À l’heure actuelle, le recours aux antibiotiques est la seule façon de prévenir cette maladie chez le bétail. Il serait donc intéressant de réitérer cette étude pour confirmer ses conclusions et trouver une solution efficace contre l’abus d’antibiotiques.
Troubles de la cicatrisation et résistance aux antimicrobiens chez le cheval
Les rapports de cas sont très utiles pour documenter l’expérience directe des personnes, en particulier lorsqu’ils sont consignés systématiquement et font l’objet d’une vérification indépendante. Dans un récent rapport de cas effectué par le Dr Petra Weiermayer, vétérinaire homéopathe équin exerçant à Vienne, un cheval âgé de 4 ans souffrant de retard de cicatrisation lié à des bactéries résistantes aux antimicrobiens, a pu être soigné avec un traitement homéopathique.6
Il faut noter que ce cas a également été reporté par le vétérinaire indépendant traitant, le propriétaire du cheval et les autres propriétaires de chevaux de la même écurie, ce qui a constitué une validation externe très utile.
Compte tenu de la menace globale que suppose la résistance aux antimicrobiens, des cas bien documentés comme celui-ci peuvent constituer la base d’études cliniques à grande échelle pour évaluer l’impact potentiel de l’homéopathie sur l’administration d’antibiotiques et le traitement des infections résistantes.
Dans l’ensemble, les données de la revue systématique en homéopathie vétérinaire manquent de précision. Leur nombre ne suffit pas à exclure un effet au-delà du placebo ou à démontrer clairement l’efficacité théorique ou pratique de l’homéopathie.
Au vu des preuves positives non confirmées rapportées par les homéopathes vétérinaires, les éleveurs et les propriétaires d’animaux, ainsi que des tendances positives observées à partir du petit nombre d’études fiables conduites à ce jour, il est urgent de mener de nouvelles recherches de haute qualité pour déterminer le rôle que peut revêtir l’homéopathie dans l’amélioration du bien-être animal et la résolution de problèmes comme la résistance aux antimicrobiens.
- Mathie RT, Clausen J. Veterinary homeopathy: systematic review of medical conditions studied by randomised placebo-controlled trials. Vet Record, 2014; 175(15):373-81 | Abstract
- Mathie RT, Clausen J. Veterinary homeopathy: Systematic review of medical conditions studied by randomised trials controlled by other than placebo. BMC Vet Res, 2015; 11(1):236 |Full text
- Mathie RT, Clausen J. Veterinary homeopathy: meta-analysis of randomised placebo-controlled trials. Homeopathy, 2015; 104(1):3-8 | Abstract
- Doehring C, Sundrum A. Efficacy of homeopathy in livestock according to peer-reviewed publications from 1981 to 2014. Veterinary Record, 2016; 179(24):628 | Full text
- Camerlink I, Ellinger L, Bakker EJ, Lantinga EA. Homeopathy as replacement to antibiotics in the case of Escherichia coli diarrhoea in neonatal piglets. Homeopathy, 2010; 99: 57–62 | PubMed
- Weiermayer, P. Wound healing disorder in a horse, associated with anitmicrobial resistance, resolved with a homeopathic medicine – a case report. Journal of Equine Veterinary Science, 2018; 67: 37-43 | Abstract